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Le 17 juillet 2025
Les marchés me font penser à la chanson de Baloo dans Le livre de la jungle : « il en faut peu pour être heureux » ! Après avoir ouvertement menacé de licencier Jerome Powell, le président de la Fed, avant la fin de son mandat en mai 2026, Donald Trump s'est excusé en expliquant qu'il plaisantait et qu'il n'a jamais eu une l'intention de faire une chose pareille. Grand éclat de rire dans les salles de marché, les indices repartent joyeusement à la hausse. A propos des droits de douane, après avoir copieusement insulté les Européens, en les menaçant de taxes supplémentaires de 30%, le président des Etats-Unis promet un accord rapide. « L'Union européenne a longtemps été brutale, et aujourd'hui elle est gentille », a-t-il déclaré, tout sourire, en milieu de semaine. C'est tout juste si, derrière leurs écrans, les traders n'ont pas versé une larme face à ces tendres retrouvailles.
Comment expliquer l'écart béant existant entre le comportement des marchés qui tutoient les sommets sur à peu près toutes les places financières et le sentiment d'insécurité - voire de chaos général - qui règne dans l'opinion publique ? La réponse nous est donnée par un éditorialiste de Financial Times qui a trouvé le nouveau surnom de Donald Trump : Taco, Trump always chickens out, ce qui peut être traduit par « Trump se dégonfle toujours ». Le mystère est ainsi résolu : plus personne ne prend ses propos au sérieux. Quelle que soient les déclarations du locataire de la Maison Blanche, tout le monde a compris qu'elles ne portent pas à conséquences puisqu'elles sont toujours suivies de piteuses reculades. L'argumentaire fait un peu cour de récré, mais il correspond à une certaine réalité.
Pour tenter d'élever le débat, rien ne vaut une bonne série statistique. Ça tombe bien, BofA Securities nous en fournit une sur 70 ans ! Les analystes de la célèbre maison de courtage new-yorkaise montrent que les périodes de doute et d'incompréhension ne sont pas toujours synonymes de baisse des cours de Bourse. Pour que le miracle opère, il faut que le sentiment de marché mesuré par la dégradation de l'indice ISM manufacturing & consumer rendant compte de l'humeur des agents économiques américains ne soit pas suivie d'une récession. Si c'est le cas, Wall Street monte de 17% en moyenne sur une période de six mois. Les « soft-data panic », comme les qualifient BofA Securities, sont bien au rendez-vous, reste à s'assurer de l'absence de récession.
Sur ce second point, nous n'avons pas encore la réponse, certains économistes prédisent le plein effet de la hausse des droits de douane dans le courant du second semestre. Pour l'heure, en tout cas, toutes les données dont nous disposons montrent que l'économie américaine tient le coup. Les derniers chiffres d'inscription au chômage, ressortis à un niveau inférieur aux attentes, attestent de la solidité du marché du travail. L'inflation a légèrement progressé en juin à 2,7%, mais ce chiffre est conforme aux attentes des économistes. La croissance ralentit très nettement avec une hausse annuelle de 1,4% du PIB attendue par la Fed, mais point de récession à l'horizon. L'annonce d'une progression plus forte que prévu des ventes de détail en juin montre au contraire que la confiance des consommateurs ne faiblit pas. En Europe, avec une progression de l'activité estimée entre 0,7 et 0,9% pour cette année, l'activité reste désespérément faible, mais la récession qui paraissait inéluctable sur le Vieux continent semble avoir été évitée. Dès lors, en préférant s'en tenir à la réalité des chiffres plutôt qu'à leurs émotions, les marchés financiers sont plus rationnels qu'il y paraît.
Les valeurs françaises ne sont pas parvenues à égaler la performance de Wall Street, mais avec un CAC 40 à l'approche des 7.900 points à l'ouverture ce vendredi matin, elles ne sont plus très loin de renouer avec leurs meilleurs niveaux. Les derniers arbitrages que nous avons effectué dans le portefeuille, notamment l'achat de 80 actions Schneider Electric qui ont vivement rebondi après que le groupe Legrand a relevé ses prévisions annuelles de chiffre d'affaires, nous donnent pleine satisfaction. Nous attendons les résultats semestriels de LVMH, valeur sur laquelle nous avons renforcé les positions. L'achat récent de 500 actions Commerzbank est en revanche plus décevant. Dans la sélection d'ETF Monde, la forte augmentation de la position prise sur le tracker iShares MSCI World Swap PEA avec 4.000 parts achetées, ainsi que l'acquisition de 800 parts supplémentaires du tracker Amundi PEA Chine, ont contribué à encore renforcer la performance. Le bilan de nos récents arbitrages sur le portefeuille Offensif est nettement plus nuancé. Nous nous félicitons de l'achat de 90 actions Schneider Electric et de 1.000 Valeo, ainsi que du renforcement des positions sur Airbus. Nous avons en revanche eu la très mauvaise idée d'acheter 30 actions ASML Holding, spécialisé dans les équipements de fabrication de semi-conducteurs. Le groupe néerlandais vient de lancer un avertissement indiquant qu'il ne serait probablement pas capable de tenir ses prévisions de croissance du chiffre d'affaires pour 2026. Résultat une moins-value de 5,7% sur cette position en une semaine. Toujours dans l'Offensif, petite déception aussi sur ArcelorMittal qui vient de faire l'objet d'une dégradation de la recommandation de Barclays de « surpondérer » à « pondérer en ligne ».
Les graphiques ci-joints montrent que sur une année glissante, nos portefeuilles tiennent bien la route : +11,2% pour la sélection d'ETF Monde PEA, +10,2% pour le portefeuille Défensif et + 8,8% pour l'ISR/PEA, comparé à une hausse de 3,1% du CAC 40 sur la même période. Seul l'Offensif déçoit avec un score équivalent à l'indice.

Pour tenter d'élever le débat, rien ne vaut une bonne série statistique.

Les graphiques ci-joints montrent que sur une année glissante, nos portefeuilles tiennent bien la route
Quelle stratégie pour juillet et août ? L'étude de BofA Securities montre que la clé de l'évolution des marchés réside dans la capacité de l'économie américaine à échapper ou pas à une récession. Toutes les données qui iront dans le bon sens continueront de soutenir la tendance sur l'ensemble des Bourses mondiales. Rappelons que Wall Street reste le marché directeur qui fournit l'essentiel la liquidité aux autres places financières. Les Etats-Unis seront d'autant plus au centre des préoccupations que les investisseurs espèrent que la Fed entame enfin un cycle de baisse de ses taux directeurs. Un premier geste en septembre, allié à de bonnes nouvelles sur l'activité outre-Atlantique, enverrait un signal très positif. Il faudra toutefois bien garder à l'esprit que le scénario idéal sur lequel misent les marchés serait plus favorable à Wall Street qu'à la zone euro. Cela, pour la simple raison, qu'une réduction des rendements à court terme des T-Bonds conduirait inévitablement à une poursuite de la baisse du dollar face à l'euro. Dans ce cas de figure, les grandes valeurs exportatrices européennes, notamment les champions français du luxe, ne seraient peut-être pas les mieux placés pour jouer une poursuite de la hausse. L'utilisation d'ETF éligibles au PEA permettant de garder un pied sur la Bourse de New-York constituerait un bon outil de diversification.
Bonne lecture et bon week-end à tous,
Roland Laskine
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